Doon de la Roche
Geste
Doon de la Roche:
Numérisation de l'édition de P.Meyer et G. Huet de 1921
sous la direction de
Jean-Baptiste Camps
édition numérique
Ella Duréault
édition numérique
Axelle Janiak
édition numérique
Armâne Magnier
,
, éd. par
Paul
Meyer
,
Gédéon
Huet
,
Doon de la Roche:
Chanson de geste
E. Champion
Paris
1921
Société des anciens textes français (65)
Paris
Atant es vous son mai[s]tre contremont en la sale . — « Ou est li preuz Landris a l’aduré corage » — « La aval el vergie[r] parole a . j . mesage » Quant li baron l’entendent, les degrés en avalent, Truevent le fil au duc descoloré et pale ; Premerains l’en apelle dans Guinemans ses mai[s]tres : « Damoiseaus, fils au duc, quex est vostre corage » — « Mai[s]tre, ce dist Landris, « bien doi avoir la rage « Quant li roi[s] Alexandre[s] me [desfie et me] bla[s]me : « Un chevalier me mande cui me laissa en garde, « De son tresor plus riche m’emplist il bien mes males . « Conseilliez moi, beaus maistre[s], que je ne sai que face » [ fol. 160 ] Et respont Guinemans : « Tu as mauvais corage ! « Conquis as tes onors et mort le fel lignage, « Qui te firent chetif en la tere sauvage ; « Et voz pere li dus est molt [de] grant eage, « Bien mainta[n]ra la tere et ta mere la sage ; « Et tu vas ou païs ou tu [as] pris tes armes, « Tant te donra li roi[s], jamais ne seras povres, « Puis prenez la pucelle par leal mariage, — Mai[s]tres » ce dit Landris, « gentil conseil me bailles, « Se ainsi ne le fais, ce ert molt grant folage » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ma[i]s . . celle enseingne, après revint . j . autre, 1 Qui dut torner en France a perde et a domage . Les rues de la ville vint poi[g]nant . j . messages Et fut navrez forment dessus la maistre espale, Sanglant en ot le pan de son bliau[t] de paile . A haute vois escrie, oiant tout le barnage : « Ou estes vous, Landris, filz au duc ? Trop te targes ! « L’empereres de France est pris a . j . chace, « O lui . c . chevaliers du miex de son barnage ; « Chascun[s] tenoit un cor, n’i avoit plus des armes ; « Hé ! bers, se nes secours, po pris ton vaselage ; « Se il passe[nt] Le Rin, ce ert molt grant domage, « Ja por la ra[a]nçon mar i queront ostage » Quant l’entendi li enfes, dont ne sait que il face ; Parmi son hardement acoilli son corage, A haute vois escrie : « Car m’aportez mes armes » [ fol. 161 ] Baron, desous le pin la ou Landris s’adobe, Entor lui s’aresterent li baron de Coloi[g]ne, Et Asse de Maiance et lor maisnie tote Et Guinemans ses maistre[s] tint l’enseigne de porpre ; Molt fu granz li barnage[s] quant li mai[s]tre[s] cor[s] sone, Parmi la mai[s]tre rue s’en issent a grant corre . La dehors a la barre furent esmé lor home : . iiijm . haubert, molt fu gente la rote . Or cheva[u]che[nt] ensemble le bruel desus Coloigne . Landris plore et demente et regrete son oncle : 2 Haï ! Pepin[s] de France, gens roi[s], belle persone, « Se paien vous enmoine[nt], com ira France a honte » Et li Sesne chevauchent, que Damediex confonde, L’empereor en meinent, Pepin de France dolce, . iiijxx . chevaliers et sa maisnie toute . Molt forment les destreint Brohimax de Sesoine : « Par Mahomet, dans roi[s], molt est vo vie corte . « Mar veïstes la mort Carsadoine mon oncle, « Demain serez jugiez en la cit de Tresmoigne, « Cil de France en seront . . . . . . . . . . « Tu rendras . . . . . . . . . . . . » Quant l’entent l’empereres, de duel et d’ire [plore], Des lïens de ses poins a fait [rompre les cordes], Et vient a . j . paien, merveillous cop li done, [ fol. 162 ] Que dou mai[s]tre os del col li froissa la m[e]olle, Tres davant le seignour . . . . . . . . . . . . . . Dolans en fut ou cuer . . . . . . . . . . . . . . . Il traient les espées, si corrent le [confondre] Que ja l’eüssent mort, neant fu[s]t del re[s]corre, Quant Landris lor sordit par miliu d’une combe . A . xxm . chevaliers lor enseigne lor mostrent ; Landris si[s]t ou cheval a la levée crope, Va ferir Brohemax en l’escu de Sasoinne, Qui du haubert li tranche bien . iiijm . doble[s], Le foie et le pormont et l’eschine li cope : 3 Fils a putain, paiens, vos me rendrez mon oncle ! « Cuvers ! mar le baillastes ; vos le lairez a honte » Grant paor ont li Sesne quant il le ot ocis ; Il coururent en fuie, si o[n]t le champ guerpi Et laissierent tout soul l’emperere Pepin Et les frans chevaliers qui France ont a baillir ; Li . j . deslie l’autre des chevaliers gentis Et jurent Damedieu [et] le cors saint Denis Mar fut si grans orguels porpansés ne bastis ; Ja le comparont Saisne s’il i pu[e]ent venir . Pepin[s] regarde avant, voit Brohemax gesir, Par delez la mamelle ot trespercié le pis, L’heaume li deslaça, l’haubert li desvestit ; L’emperer[e]s si vait sus . j . cheval saillir, [ fol. 163 ] Pent l’escu a son col, le roit espié saisi[s]t, En la rote se met o son nevou Landri . Qui lors veïst paiens trabuch[i]er et morir Et ces barons de France les guarnemens vestir Et ces chevax isniax sur les seles saillir, De molt grant vasselage li peüst sovenir . En la rote se metent as compaignons Landri ; Ainc paien n’encontrerent plus orguilox voisins, Et escrïent « Monjoie ! mar passa[s]tes le Rin » Il n’en estort . j . seul[s], s’il ne s’en puet foïr, En crote ou en citerne ou en bove garir . Qui le jour vout eschac, bien en ot a loisir : 1 . (f. 82)2 . (v°)3 . (f. 83)
urn:cts:froLit:geste.jns3756.ed_DoonRocheM
Citer cet extrait:
Doon de la Roche:
Numérisation de l'édition de P.Meyer et G. Huet de 1921
sous la direction de
Jean-Baptiste Camps
édition numérique
Ella Duréault
édition numérique
Axelle Janiak
édition numérique
Armâne Magnier
, dans
Geste: un corpus de chansons de geste , dir. Jean-Baptiste Camps, avec la collab. d'Elena Albarran, Alice Cochet & Lucence Ing, Paris, 2016-…, CC BY-SA, URN: urn:cts:froLit:geste.jns3756.ed_DoonRocheM, en ligne:
https://dev.chartes.psl.eu/elec/geste/text/urn:cts:froLit:geste.jns3756.ed_DoonRocheM/passage/4301-4400